Confession d'une enfant terrible



Terrible, incorrigible, aussi tapageuse que possible … Voilà ce que j’étais quand je fréquentais encore le Collège Français.


Elle et moi, c’était une histoire d’amitié de longue date et les souvenirs de nos bêtises me comblent encore de bonheur, comme de rares bouffées de joie enfantine.


A l’époque, chaque jour, on se voyait à l'école. On rigolait bien ensemble dans la cour avant la sonnerie des classes. Après le déjeuner, à bicyclette j’allais chez elle. L'après midi, je la revoyais aux cours mais nos sujets de bavardage ne tarissaient jamais.


Ses parents étaient aussi stricts que les miens. A Nha Trang, après chaque déjeuner on avait l’habitude de faire la sieste. Je n'y arrivais pas ou alors je me retrouvais avec un terrible mal de tête. Pour me distraire, avec des copines, mes préférées, on arrivait toujours à inventer des choses pour nous occuper – c’est l’âge des bêtises il faut l’avouer – juste pour rire.


De Ty Thong Tin, la rue de ma copine, on devrait pédaler jusqu'à une mosquée islamique, si ma mémoire est exacte. Ma copine gémissait de peur d’être attrapée par son père mais l'idée d’une excitante aventure qui nous attendait lui faisait oublier le reste.


Devant l'entrée aux grilles de fer, je l'observai,mon coeur battait à tout rompre, car j'avais peur aussi être attrapée par son père. Elle ouvrit doucement la porte pour éviter le grincement et elle sortit sa bicyclette sans faire de bruit.


On voulait faire une visite-surprise chez un camarade de classe, Phuoc. Le pauvre! Pourquoi l'avoir choisi parmi tant d’autres? On se pointa chez lui un après-midi et devant son jardin, on cria son nom. On tira les branches du goyavier vers l'extérieur pour prendre quelques fruits puis on les rejeta vers la maison pour attirer son attention.


Le résultat dépassait notre imagination, ce fut la famille qui se dérangea pour nous accueillir.


Alors on déguerpit à toute vitesse.


Ma copine commençait à s’inquiéter. Et si son père allait apprendre notre stupide escapade?


Tandis que moi, j'avais peur que la mère de Phuoc allait porter plainte chez le surveillant général Mr. Mariadassou.


 Quand on revoyait Phuoc à l'école, ce jour-là, on faisait comme si de rien n’était.


On s’est revue des années et des années après. Ma copine comme toujours, si calme, à la voix douce. Fidèle à l’image dont j’ai gardée d’elle, aussi délicate et aussi sage. A chaque rencontre, on retrouvait notre complicité en se racontant nos propres souvenirs du passé dans de grands éclats de rires.


Combien de fois quand j'étais gosse, on m’a traitée de « mal élevée »!


J’ai eu une sacrée chance quand même: Heureusement pour moi que personne n’ait porté plainte à mes parents! Ces malheureuses victimes d’une enfant terrible – « quậy » comme on dit en vietnamien. Et pourtant j’en ai reçu des fessées à la maison!


Mais vous savez, j’étais trop Incorrigiblement tapageuse! A bon entendeur, salut!


Lê Thị Lam Sơn



© cfnt, Collège Français de Nha Trang