Tết, le nouvel an vietnamien



Tết Nguyên Đán, plus généralement appelé Tết, est le nouvel an vietnamien. C’est la fête la plus importante et la plus populaire du calendrier vietnamien. Elle marque le début de l’année. C'est une débauche de couleurs, une explosion de pétards. Les quartiers rivalisent d'ingéniosité pour être les meilleurs dans leurs danses, leurs décorations. Les festivités durent du premier jour de l'an au troisième, mais peuvent très bien s'étaler sur une semaine…


C'est l'occasion pour les familles d'aller à la pagode ou de visiter leurs parents et amis. Les familles se rassemblent et espèrent la chance pour cette nouvelle année. C’est aussi l’anniversaire de tous les vietnamiens. Le jour du Tết, tout le monde prend un an de plus (Mừng tuổi). Les vietnamiens retournent dans leur famille. Certains vont se recueillir sur la tombe de leurs parents défunts ou de leurs ancêtres.


Le Tết peut être divisé en trois périodes appelées Tất niên (avant la veille du Nouvel An), Giao thừa (veille du Nouvel An), et Tân niên (Nouvel An).


Les préparatifs consistent en la confection de plats spéciaux, le nettoyage et la décoration de la maison. On allait dans les pépinières pour ramener de grands pots de Bông cúc (chrysanthèmes, symbole de longévité). Des branches de Bông mai vàng (prunus jaune, symbole du printemps) garnissaient la maison. Toute la famille était mobilisée pour les préparatifs. Des dizaines de mètres de Lạp xưởng (saucisse chinoise) séchaient sur des perches en bambou. La tante Má Tý passait la journée à faire les Mứt (fruits confits de coco, de pastèque, de gingembre, de mandarine, ...) dans une grande bassine. Le grand père Ông Tư était le spécialiste pour ficeler les Bánh Tét qu'on faisait cuire toute une nuit dans une grande lessiveuse.


   


La fête commence une semaine avant le Nouvel An, au moment ou les trois esprits du foyer, regagnent les cieux pour faire leur rapport sur la vie familiale à l’Empereur de Jade. Les autels sont alors chargés d’offrandes et les vietnamiens jettent dans les lacs et les rivières des carpes vivantes pour que cheminent les esprits du foyer. A travers les offrandes ils espèrent faire l’objet d’un rapport positif auprès de l’Empereur de Jade.


On dressait un grand autel sur la terrasse avec comme offrandes du poulet cuit au court bouillon, du porc laqué, du canard laqué, du chè, des fruits et de l'alcool.


On se rend aussi dans les cimetières pour inviter les esprits des parents défunts à la célébration. Quand les trois esprits reviennent sur terre, la veille du Nouvel An, les soucis de l’année qui vient de s’écouler se sont dissipés, et les festivités peuvent commencer.


Le premier jour du Tết, dès minuit tapant, les rafales de pétards se faisaient entendre pour annoncer la nouvelle année et chasser les mauvais esprits.


   


Cette journée est importante car les vietnamiens pensent qu’elle influencera les jours de l’année qui commence : aussi, on essaie de ne pas se mettre en colère, de ne pas jurer ni crier.


La formule de salutation rituelle est “phúc lộc thọ” (bonheur, prospérité, longévité). Les vietnamiens vous souhaiteront également “chúc mừng năm mới” (bonne année).


Il est de coutume, le premier jour de la nouvelle année (xông nhà), de visiter la maison de personnes proches, de prier les ancêtres, de présenter ses vœux, et de donner de l’argent aux enfants et aux personnes âgées.


Les Vietnamiens croient que le premier visiteur de l’année d’une famille détermine leur bonne ou mauvaise fortune pour l’année entière. Les gens n’entrent jamais dans n’importe quelle maison le premier jour sans y être invité. Le fait d’être la première personne à entrer dans une maison le jour du Tết est appelé Xông đất, Xông nhà ou Dạp đất. C’est l’un des rituels les plus importants durant la fête. On dit que la première personne qui rend visite à une famille apportera chance ou malchance, alors on attend une bonne visite : la personne idéalement attendue est un homme, prospère, marié, ayant des enfants. A l’inverse, une femme célibataire, sans enfant, n’est pas une visite convenable.


Les familles qui ont subi la perte récente d’un de leur membre ne font généralement pas de visite pendant les festivités.


Les plus jeunes portent leurs nouveaux habits et présentent les salutations traditionnelles à leurs aînés avant de recevoir de l’argent. Tous les ans on avait droit à une nouvelle paire de chaussures à cette occasion, on se rendait chez le cordonnier rue Nhà Thờ. C'est notre maman, bonne couturière, qui confectionnait nos habits.


Les enfants reçoivent l’argent de leurs aînés dans une enveloppe rouge et tous font éclater des pétards pour chasser les mauvais esprits. Cette tradition est appelée Mừng tuổi (bonne année) dans le nord et Lì xì dans le sud. Avec cet argent, on passait trois jours à jouer aux cartes, au bầu cua cá cọp (courge, crabe, poisson, tigre; on mise sur une figure et au lancée du dé la face indique le gagnant). Petits et grands s'adonnent à ces jeux d'argent. Plus de barrière sociale. Les domestiques jouent avec les maîtres. Notre grand mère Mà mà adorait le Tứ sắc (les cartes chinoises aux quatre couleurs) et notre tonton Ba Tý avait la passion du Mạt chược (le mah jong). Ils organisaient régulièrement des tournois et passaient des jours et des nuits à jouer.


   
   


Balayer le jour du Tết est de mauvais augure car cela symbolise la chance balayée au loin. Il est interdit d'allumer le feu, donc pas de cuisine pendant les trois jours.


Il n’est pas rare pour les familles riches de s’offrir des représentations privées de danse de dragon. La récompense est en haut d'une haute perche en bambou. Il faut l'atteindre pour la mériter. Il existe également des représentations publiques. 


Les temples bouddhistes sont des endroits populaires où les gens aiment faire des offrandes pendant le Tết afin d’obtenir des bénédictions divines. Avec notre grand mère, à minuit tapante, on se rendait à Tháp Bà pour les offrandes. Le long de l'escalier qui mène au temple, les mendiants attendaient leurs aumones. C'était la distribution et ils en profitaient.


   


Cette fête se déroule en famille autour du plat traditionnel Bánh chưng (gâteau carré, symbole de la Terre car les anciens croyaient que la terre était plate, de riz gluant traditionnel du Vietnam du nord enveloppé dans les feuilles de Lá dong) ou Bánh Tét (gâteau cylindrique, symbole du ciel et de la fécondité, de riz gluant traditionnel du Vietnam du sud et du centre enveloppé dans les feuilles de bananier, Lá chuối), accompagné de Dưa hành (pickles de légumes marinés dans une saumure), de Củ kiệu (oignons de Chine marinés) et du Thịt kho nước dừa (porc au caramel cuit dans un jus de coco). Le Bánh dầy (gâteau circulaire, symbole du Ciel, de riz gluant), une spécialité du nord, est accompagné de Chả lụa (mortadelle de porc).


      


Les fruits populaires utilisés dans le sud pour les offrandes sur l’autel familial sont le Mãng cầu (la pomme cannelle), le Dừa (la noix de coco), le Đu đủ (la papaye) et le Xoài (la mangue) car la contraction des mots donne “Cầu dừa đủ xài” (prions pour qu'on ait assez d’argent à dépenser) dans la prononciation du sud du Vietnam.


Les jours suivants, les gens visitent parents et amis. Le deuxième jour du Tết est réservé aux amis, tandis que le troisième jour est consacré aux maîtres.


Ngày Tết Quê Em

Source Le Têt, le Nouvel An vietnamien
adapté par Michel



© cfnt, Collège Français de Nha Trang